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EHPAD : Un budget 2025 d’alerte

EHPAD : Un budget 2025 d’alerte

EHPAD : Un budget 2025 d’alerte EhpadJean-Jacques Banide
Le 15/05/2024 • Mis à jour le 15/05/2024 | 10h32

Le budget des EHPAD de Quimper Bretagne Occidentale a été voté vendredi 12 avril, avec un déficit structurel inédit de 1.6 millions d’euros. Le Conseil d’administration du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) alerte sur la situation et appelle l’Etat au travers de l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil départemental à mener d’urgence une réflexion sur les modèles financiers des EHPAD pour garantir une prise en charge pérenne et satisfaisante des personnes âgées sur le territoire.

« 85 % des Ephad publics enregistrent un déficit en 2023. La situation est inédite et alarmante. Il y a urgence à repenser les modèles financiers des EHPAD pour garantir la qualité d’accueil de nos séniors. Nous ne voterons pas de tels budgets en 2025. ». La position du Conseil d’administration du CIAS est unanime : il demande la refonte du modèle financier des EHPAD.

Des dépenses qui augmentent face à des recettes en berne

Le contexte inflationniste entraine une hausse des denrées alimentaires, des coûts de l’énergie et des produits d’hygiène notamment. Par ailleurs, les charges relatives au personnel ont également augmenté, en lien avec le recours à l’intérim pour pallier les difficultés de recrutement dans ce secteur, ou avec les revalorisations salariales. Enfin, le coût du relogement de l’EHPAD Coat-Kerhuel, incendié en juin 2022, représente un déficit de 700 000 euros, soit près de la moitié du déficit annuel du CIAS.

Face à ce constat, les EHPAD se sont pourtant mobilisés pour contenir ce phénomène :

  • Les résidents de l’EHPAD Coat-Kerhuel seront relogés sur le site des Magnolias à Penhars avant fin 2024, l’établissement étant désormais libre de toute occupation depuis le déménagement des résidents et des équipes vers le nouvel EHPAD le roi Gradlon ;
  • Des mesures en faveur de la qualité de vie au travail ont été initiées pour stabiliser les équipes, moins recourir aux prestations d’interim tout en améliorant la qualité d’accueil des résidents : mise en place d’une équipe « volante » de remplaçants aides-soignants, d’une astreinte d’aides-soignants, d’une équipe de nuit mutualisée sur les quatres EHPAD du CIAS ; adhésion à une plateforme de recrutement dédiée à la gestion des remplacements dans la santé ;
  • L’EHPAD de Quimper sera raccordé à la chaufferie bois de Kerlan Vian et une étude sera menée pour raccorder l’EHPAD de Briec au réseau de chaleur de la ville de Briec. Ces actions permettront de protéger ces établissements de la volatilité du prix de l’énergie grâce à des modes de chauffage s’appuyant sur des matières premières locales.

Un engagement fort pour un service de qualité

Pour autant, tous ces efforts ne suffisent pas à équilibrer la situation financière des EHPAD de Quimper Bretagne Occidentale. Dans un contexte de vieillissement démographique, le Conseil d’administration déplore :

  • L’absence de revalorisation du forfait dépendance. Le forfait dépendance recouvre les prestations d'assistance à l'accomplissement des actes au quotidien, sans relation avec le soin. Il est fixé chaque année, pour chaque établissement, par le Conseil départemental, en fonction de la dépendance moyenne des résidents, et versé sous la forme d'une dotation globale. Chaque résident doit ensuite régler le ticket modérateur, quels que soient ses revenus et son degré de dépendance.
  • La non-compensation de l’ARS, estimée à 130 000 euros par an, pour les primes Ségur et Grand âge qui valorisent notamment le travail des agents travaillant dans les EHPAD.
  • Les tarifs fixés par le Conseil départemental pour l’année 2023 compensent pour la première fois l’inflation annuelle, mais cette démarche est insuffisante au regard du retard pris.

Pour toutes ces raisons, le Conseil d’administration du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) appelle à une réflexion globale et rapide sur le financement des EHPAD.

Pour mémoire, un voeu avait été adopté, à l’unanimité, en conseil communautaire le 28 septembre 2023. Ce dernier pointait, d’une part, la nécessité de débloquer des mesures d’urgence pour que les établissements puissent sortir la tête de l’eau et d’autre part, l’urgence à bâtir une réforme structurelle solide et durable accompagnée de moyens conséquents à la hauteur du défi sociétal.

Isabelle Assih, présidente de Quimper Bretagne Occidentale et présidente du CIAS, avait également interpelé en ce sens Aurore Bergé, alors ministre des solidarités, lors de sa visite à Quimper en novembre 2023. Des propositions concrètes avaient notamment été formulées.

Depuis, le Parlement a adopté une loi pour le « bien-vieillir » en mars 2024 qui ne répond pas aux difficultés actuelles des EHPAD. Une hausse de 5 % du financement de l’Etat aux Ephad publics et associatifs a été annoncée par la ministre déléguée aux personnes âgées (soient 650 millions d’euros à l’échelle nationale).
« A ce stade, si ce premier pas est à saluer, les inquiétudes restent vives : on écope à la petite cuillère ! C’est d’une loi de programmation financière pluriannuelle sur le grand âge dont nous avons besoin. Je rappelle que dix milliards d’euros sont à dégager d’ici 2030, pour prendre en charge dignement la population. Nous ne sommes pas structurés pour pouvoir répondre à cette évolution démographie, quand en 2050 un Finistérien sur cinq aura plus de 75 ans (contre un sur dix en 2020). De son côté, Quimper Bretagne Occidentale, dans le cadre de ses compétences, rappelle son engagement plein et entier pour garantir un accueil de qualité des résidents, à la hauteur des attentes des familles et de la confiance qu’elles accordent à l’Agglomération. Tous les moyens seront mis en oeuvre pour pérenniser ce service, rendu possible grâce au professionnalisme et à l’engagement des équipes mobilisés pour les résidents », insiste Isabelle Assih, présidente de Quimper Bretagne Occidentale et maire de Quimper.